Serge Valdinoci confie de nouveau un texte inédit à INgens pour édition. Cette étude, légèrement plus étendue que L'Homme coïncidant, la précédente que nous avions mise en ligne en décembre 2018, nous la publions sur trois pages, pour un confort de parcours mieux adapté.

 

 

 

 

LA PENSÉE ACCÉLÉRÉE, OU DE L’INVENTION

 

 

 

Argumentaire développé

 

 

Notre travail est de former un concept d’accélération de la pensée, concept originé dans l’affect sans espace-temps, sans donc de Logos philosophique (1) œuvrant par la médiation dans l’espace de la pensée Europe, ou pensée Philosophie. La démarche procède d’un logos opérant, c’est-à-dire d’une œuvre au noir, au sens où l’emploie M. Yourcenar. Ici, le logos dédimentionnel emprunte à une pensée mystique qui se formera peu à peu dans le continuum du texte qui suit.
(1) Le Logos (majuscule) est l’écriture culture, ou philosophie, de l’Occident. Quant au logos (minuscule), c’est l’articulation de la généanalyse du/dans le réel comme écumène.


Dans la pensée Europe, ou pensée culturelle, une difficulté troublante, biaisée par les Européens, ou philosophes, tient à deux enjeux
(2) :
(2) Les Européens en culture (majuscule) sont richement tributaires de l’européen (minuscule) écuménal.


    a) Le premier se développe longuement, sur un versant de connaissance (3). En Europe culturelle, le philosophe produit de la vérité ou tâche de le faire jusqu’au xxème siècle, en qui se marque la rupture avec une recherche de style ontologique.
(3) « Connaissance » est le maître-mot dans le travail culturel en Europe.


    b) Mais, avec les Modernes déjà, la situation est plus complexe, plus intense. En effet, dès Descartes – Descartes encore – on aura tenté d’exclure la philosophie de son territoire traditionnel qui, effectivement, n’est point un domaine, une demeure absolue. Des guerres intestines détruisent la puissance d’un savoir un. Et qui plus est, existent les conflits avec l’étranger, ce barbare hors la polis philosophique. Ainsi, la menace provenant des « scientifiques » commence de poindre inéluctablement. Ne saurions-nous dire que le travail du Logos philosophant continue la guerre avec les logoï s’automatisant ? Cette guerre se terminera très tard avec l’irruption des logoï scientifiques en plein milieu du Logos : telle est la situation avec l’entrée dans le xxème siècle et avec le forcing d’un pan-théorisme des sciences scientifiques.


Dans ces conditions, la philosophie ne serait-elle pas enrôlée pour résister à la barbarie – la pseudo-barbarie – de tout un ordre technoscientifique ? En vain le philosophe cherche l’équivalent de l’Oïkos europe, dégénéré en échosphère sans oïkosphère. Ceci laisse place aux ingérences scientifico-scientifiques, devenant des pratiques pilotes (linguistique, astronomie, biologique etc.). De nos jours, l’invasion culturelle est celle par le numérique. Ces instances improvisent du sens à partir des avancées légalistes et tautologiques…
(4) Tel est le fait des épistémologues les plus avertis.
(4)
La science-pilote fait sens abusivement en voulant dépasser ce qui est pris dans ses formulations numérisées. Elle brise le sens oïkologique, produit de l’échotique « écrasant » l’invention.


Ainsi, la philosophie, absolument ployable, se métamorphoserait pour « accoucher » des sciences-scientifiques encore culturelles (5). Mais la philosophie se verrait ainsi accélérée : sa positivité n’est qu’apparente car, en vérité, l’accélération proviendra d’une Science avant-première à qui introduit la Science première.
(5) Les sciences scientifiques sont à réélaborer au sein d’une Encyclopédie noire. Alors, ces sciences deviendront le manteau de l’écuménal réel, hors leur renfermement dans la culture.

 
 
 
 

Page 1      Page 2

 

 

 

Illustration : Yoan Capote ©