Premier livre d'imprimeur de la collection des Cahiers d'immensité, le livre de Serge Valdinoci est aussi le premier ouvrage de cette extension -- plus de 400 pages -- publié par INgens.
Il prend place dans la poursuite du développement théorique que l'auteur donne à l'europanalyse, méthode de pensée et théorie de l'invention, constituée progressivement à partir d'une intégralisation de la phénoménologie husserlienne, d'une attention particulière à la psychiatrie et d'une exigence d'immanence radicale sensible à l'affect et à la métaphore en tant que sémantique-univers.
[Présentation détaillée de Serge Valdinoci à l'occasion de la MasterClass du 16 octbre 2020]
Lire les premières pages :
Mais quelle est cette urgence, cet empressement, qui nous éprouve comme en retard sur la teneur d’un ouvrage, à sa traîne, comme n’en percevant guère à peine que le sillon, s’évanouissant dans les derniers soubresauts d’écume d’un océan sans bord ?
[Quel fétu, quel fil de la Vierge, quelle parcelle d’individuation, ne serait pas à la traîne
de l’immensité qui la porte, qui l’emporte, qu’elle lui importe ou pas, nous direz-vous ?]
La première est peut-être cette urgence toujours ordinaire – harassante tant quotidienne –, de s’écarter des vanités bruyantes et militantes qui comptent aux hideurs de toute époque ; d’échapper à l’effectivité revendicatrice, peut-être même prédatrice, qui voudrait que tout, sinon ne fût, du moins devînt, soit politique – au nom de nos causalités sur l’autre –, soit symbolique – exhibition texto d’une intériorité indue, donc exigible, à l’autre. Urgence qui nous frappe, d’être en retard sur notre propre calme, d’être à la traîne du plus profond silence, de ce silence d’Absolu dont procède notre sensibilité, notre intuition, notre expérience en propre.
Or c’est précisément de ce Sentir, en sa plus nocturne eccéité, que relève l’europanalyse. L’europanalyse est à la perception vécue ET signifiante – donc interpersonnelle & en situation – ce que la Déconstruction aura été localement au concept (ce cache-sexe de l’épreuve nue, ce baume cutanée pour nous écorchés vifs), et qu’elle aura été plus généralement à la Philosophie – comme discours et comme opération sur les discours, dont le sien propre, duplicitement.
Ce que Jacques Derrida aura fait au logocentrisme par initiale supplémentation, ce qu’à sa suite François Laruelle aura fait à la syntaxe plus étendue encore de la « Décision philosophique », il était temps, il se faisait urgent, pressant, qu’on le fît outre-homme. C’est-à-dire depuis un domaine traversé, pénétré, imbibé où l’animalité en son Umwelt éprouvée, et où jusqu’à la radicalité du végétal ou du mycète – voire de l’archée – en leur expérience bio-alchimique primale débordent en affects, en viscérale impression – et en déploiements de gènes, de germes et d’actions : de fécondité et d’invention –, débordent, disons-nous, cette sémantique réduite au signe linguistique auquel l’humain s’est peu à peu convaincu, Moderne, mais peut-être tout autant Biblique – Verbal –, de résumer son Æsthesis, son expérience imprégnée d’intérêt et de motivation – de Drame –, son expérience imprégnée de Sens et de pénétration réelle : Phénoménale.
C’est dire combien il s’agit, avec l’europanalyse, en l’europanalyse, d’une écologie d’outre-carbone. Entendons par là d’une écologie qui n’ait plus rien d’administratif, de commensurable, c’est-à-dire qui se soit défaite, sans pour autant jamais en dénier le niveau particulier de réalité, de tout aspect de scientisme. Une écologie allant jusqu’à se détourner à ce point de toute réciprocité avec le Logos, qu’elle s’en fasse écopathie, épreuve d’habitat en l’immensité d’univers, et véritable cisaillement de civilisation, soulèvement de tout dépôt, de toute écorce, de toute « pollution ». Qu’on ne se méprenne pas : il ne s’agit plus désormais ni d’une neutralisation, ni d’une suspension infinie, ni d’une généralisation critique sous l’axiome d’une entité intouchable ; le pathos, le pathique, fût-il celui du Vide, de l’effondrement, de la lyse, n’est plus un outil de déconsidération, d’abaissement, de démantèlement, ni même de déploration, de lamentation ou l’une de ces litanies de regrets, qui se donnent pour fonctionnement la culpabilisation et tendent à faire de celle-ci une unique résiduelle sociabilité de deuil et de consternation.
L’europanalyse n’est pas un thrène.
[Pas plus qu’elle ne consiste à rassembler nos communes inquiétudes humaines
et nos petites anxiétés faites personnes. Car si c’est bien d’une traversée qu’il est question,
elle pourfend, elle transit, elle transperce inexorablement tous les effets de surface qui,
tous comptes faits, constituent le miroitement de nos individuations…]
Bien au contraire, ce dont il s’agit, c’est, bien plus positivement, d’ériger, d’avancer, de faire naître, de rendre sa cosmogonie jusqu’à la plus infime organogenèse, d’étreindre la désituation pathétique inhérente à l’invention, dans la profondeur de son mystère terrifique, plutôt que d’en faire l’énième outil de rage dont saliver du spectacle crépusculaire.
PHRÈRE FOUDRE
Laure du Point de chute
Rhèges
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