vendredi 29 septembre     
19h00   
Lancement    
de la 4ème livraison de
Catastrophes papier   
« Poésie primate »   
–   


Librairie EXC   
Passage Molière
75003, Paris    




La commune d'écriture, de plumes, chaque fois renouvelée, en quoi consiste toute livraison de la revue Catastrophes (P. Vinclair, G. Condello, L. Albarracin, quarante épisodes au compteur) ne saurait, malgré l'apparence de la couverture du dernier numéro papier (n°4, 264 pages, 165 x 235 mm, ISBN : 978-2-9140-3398-5), se confondre avec une troupe hirsute d'anthropoïdes roux, dépourvus de queue, dont l'ascendance archéologique les domicilierait à Bornéo ou à Sumatra et les vouerait à l'extinction muséale, sous éclairage lustré, et cartouche exact.     
Elle fait du tâtonnement, incertain, dans la nuit, l'évènement d'un bouleversement nombreux, pluriel, l'évènement d'un instant, sériel, de poiésis. Elle (se) façonne (au) réel (de la) crise.
Et si l’on ne peut dire qu’elle est suffisamment religieuse pour être espèce, on n’oserait affirmer qu’il faudrait conclure de là qu’elle serait éteinte…

C'est pourtant bien pongide qu'elle annonce son sommaire, lequel égraine les noms de Xavier Makowski, Sabine Huynh, Michèle Métail, Yves di Manno, John Donne, ou encore la supposément coréenne Mia You, parmi quatorze autrement possibles…
Et de nous inviter à le découvrir, à le vérifier, à attester de cette pongidité, lors du lancement, ce vendredi 29 septembre, à 19H, passage Molière à Paris, dans les locaux de la librairie EXC, pour l'occasion de quoi cinq lectures, dont celles de Georges-Léonore, d'Hélène Grimaud, de Guylaine Monnier, nous sont offertes, en succulences apéritives.

Gidienne, on ne sait, mais pongienne assurément l'est, l’œuvre de Guylaine Monnier.
Tiré d'un ensemble plus vaste, les 13 pages qu'elle donne à la revue, Le Ciel de Provence n'est pas de gueules (consistant en son premier chant, d'ouverture, bée à moins que ce ne soit alphabéante), s'ancrent, ou plutôt s'insèrent, dans l'intimité de La Mounine – notes après coup sur un ciel de Provence que Francis Ponge compose en 1941 ; et se glissent, ou moins sagement se vautrent, dans son inachèvement, ou plus exactement dans son "inachevé", faisant de là un "à poursuivre", au vœu duquel la chasseresse s'enfonce, amazonide, dans la forêt vierge des data amoncelés, s'amoncelant, immense sédimentation contemporaine, furieuse, imbue de l'orgueil continu de l'en-temps-réel, dont Ponge n'aurait su lui-même caresser le songe de l'exploration, ni le prurit invasif, rhétoriquement incommensurable, d'Autre.
L'écriture y est pétrie, fouillée, de son propre processus, décuplée. La langue y est saisie d'un nouvel accouplement de l'Arbitraire avec le Cratylisme – saisie, au sens d'une police, c'est-à-dire au cœur du procès d'une enquête absolue, cependant double, diplopique, en relief, au cœur d'une instruction contradictoire, dont l'avenir, en Appel ou en Cassation, c’est-à-dire en Remords ou en Forme, n'est point encore déterminé par la transe sibylle du Jugement (esthétique, au sens de Kant, mais tout autant judiciaire, au sens que Fichte lui oppose), procès dont la crise pythonisse se poursuit, se prolonge, au tribunal de l'intuition, c’est-à-dire du vécu – la langue y est saisie, disons-nous, d'un nouvel accouplement de l'Arbitraire avec le Cratylisme, d'une nouvelle noce du Hasard sans loi et du Destin sans jeu, Fatum dont l'inexorable principe infibule de nos lèvres toute esquisse de déhiscence autonome, lâchant, lançant, tel un coup de dé décidé, décisif, un assaut sur – panique, il va sans dire – l'émiettement fractal, la mise en abyme, disséminée, de notre dissémination même, ultimes pollens se refusant à n'être que traces, c'est-à-dire qu'identités, tandis qu’elles sont – que nous sommes – kaléidoscopes de traversées.
Quant à ce que la lecture y sera, prolongement, ou non, de celle que fit, de Ponge et de sa Mounine, D. Podalydès en 2013, très exacte décade, si elle accédera au narthex de ce ciel de Provence, si elle atteindra à la fabrication de toute pièce, dans la fabrique elle-même, de cette "adéquation des singularités" dont Pierre Vinclair accuse le fantasme nominaliste, seules celles de nos âmes affolées de poème qui s'y rendront, celles de nos âmes qui s'y retrouveront ce vendredi, en sauront le frisson, si ce n'est le fin mot.

 

 

N a r c i s o      A k s a y a m

 

 

 

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